Depuis l’annonce de leur sortie de la Cedeao, les trois pays de l’Alliance des États du Sahel sous le feu des projecteurs. C’est donc l’occasion pour eux d’exposer leur vision et le premier à s’être prêté à ce jeu est le président de la transition du Burkina, le Capitaine Ibrahim Traoré. Ce dernier s’est confié dans une interview accordé au journaliste camerounais Alain Foka.
C’est le dimanche dernier que le Burkina, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait de la Communauté ouest-africaine, Cedeao. Cette décision redessine la géopolitique de la région qui voit émerger le nouveau regroupement AES, une organisation veut étendre ses prérogatives au-delà de la sphère sécuritaire.
Une coopération gagnante avec la Russie
Face aux allégations répandues sur certains médias faisant état qu’une bonne partie du Burkina est aux mains des terroristes, le capitaine Traoré répond qu’ « il n’y a pas cette portion du territoire où nous voulons partir et que nous ne pouvons pas (…), les territoires qui étaient sous contrôle (terroriste) depuis 3, 4 ans, nous y mettons pied » aujourd’hui, a-t-il précisé.
Et pour les rumeurs d’une multiplication d’attaques depuis le départ des armées étrangères, le président de la transition explique que la posture offensive que le pays a adopté, a réveillé les cellules dormantes des terroristes. Cette situation a réveillé le patriotisme des burkinabè, qui les combattent aujourd’hui avec succès, aussi bien sur le terrain que dans la contribution financière. Aujourd’hui le Burkina a décidé de prendre sa défense en main, car les forces étrangères n’avaient aucune volonté de combattre le terrorisme.
Dans cette démarche, les russes sont des partenaires stratégiques. Ils fournissent les équipements demandés, contrairement aux autres partenaires qui opposaient des restrictions. En dehors des russes, les Turcs, les Coréens, les Chinois fournissent aussi des équipements, contrairement aux européens qui refusaient de livrer des armes léthales, or les terroristes disposent d’armes qui tuent.
Aujourd’hui le choix des autorités est efficient et plusieurs villages ont été récupérés, des écoles réouverts, des populations qui ont repris leurs activités. Les populations elles-mêmes témoignent à travers des vidéos, les autorités ayant fait le choix de ne pas communiquer sur ces reconquêtes.
La recette gagnante du président de la transition Ibrahim Traoré
Le Capitaine Traoré a aussi démenti les rumeurs selon lesquelles, il donne des mines, une partie de territoire aux Russes. Pour lui, ce sont « des mensonges ». « Pourquoi donner ? » s’est-il insurgé. « Si les Russes veulent une mine, on a le code minier. Ils viennent s’intégrer dedans. On leur donne le permis, ils payent les impôts, et ils font tout ce qu’ils doivent faire comme les autres », a-t-il expliqué. Mais comment alors sont payés les Russes ?
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A cette question, le président de la transition a expliqué qu’il n’y a que des instructeurs russes au Burkina, qui forment le personnel militaire local sur l’utilisation des équipements achetés. C’est pareil pour les équipements qui viennent d’autres pays, eux aussi envoient leurs instructeurs. C’est l’exemple des instructeurs turcs qui forment sur l’usage des drones qu’ils vendent au Burkina. Mais sur le terrain pour combattre, il n y a aucun russe. Toutefois, s’il y a besoin, ils viendront sur le terrain, a nuancé le président de transition.
Quant au financement, le président révèle que « nos pays ne sont pas pauvres, mais mal gouvernés (…) il y’a le vol, le pillage » de nos ressources. Les cotisations des populations servent à équiper et entretenir les volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Mais pour le reste de l’armée, c’est la bonne gouvernance des finances nationales qui joue. Il y a de la rationalisation dans tous les départements ministériels, éviter les surfacturations, les détournements. Il a donné l’exemple des subventions des produits pétroliers par l’État.
Estimées à presque 500 milliards de F CFA en 2022, cette subvention est descendue à moins de 100 milliards, en évitant les surfacturations. C’est donc la bonne gestion des ressources du pays qui financent l’achat des équipements militaires, a fait comprendre le président de la transition.