Amidou Tiegnan, un conseiller en éducation féminine, se retrouve au cœur d’une affaire de détournement de fonds publics d’une ampleur inédite au Burkina Faso. Lors de son procès tenu ce lundi 03 décembre, il a reconnu le détournement de 3 milliards de francs CFA.
Ces fonds étaient destinés à venir en aide aux populations les plus vulnérables, notamment les personnes déplacées internes (PDI). Le détournement a eu lieu sur la période allant de 2020 à 2024. Son procès a connu beaucoup de chamboulements dont voici le fil.
Amidou Tiegnan reconnaît les faits
Les faits reprochés à Amidou Tiegnan, fonctionnaire, chargé de gérer le fonds Trésor pour le programme de renforcement de la protection sociale (PRO-SOC), sont particulièrement graves. Il est soupçonné d’avoir falsifié des signatures de ses supérieurs hiérarchiques pour émettre des chèques à son profit, pour un montant total de 3 milliards de francs CFA. Des faits graves, reconnus par l’accusé.
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Lors de son procès, M. Tiegnan a surpris tout le monde en reconnaissant les faits qui lui sont reprochés. « Je reconnais » a déclaré le prévenu, il a ainsi avoué les charges de faux en écriture publique, usage de faux, détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
Une loi contestée et un procès interrompu
La défense d’Amidou Tiegnan a toutefois tenté de retarder la procédure en soulevant une exception d‘inconstitutionnalité concernant l’article 118 de la loi 16 du 3 mai 2016, relative au blanchiment de capitaux. Selon la défense, cette loi serait discriminatoire car elle ne permettrait pas aux personnes condamnées pour blanchiment de bénéficier du sursis.
Le tribunal a décidé de saisir le Conseil constitutionnel pour examiner cette question. En attendant sa décision, le procès s’est poursuivi pour les autres chefs d’accusation. Cependant, un nouvel élément est venu perturber la procédure : les avocats d’Amidou Tiegnan se sont retirés de l’affaire. Le prévenu dispose désormais de six jours pour se trouver un nouveau conseil.
Un préjudice considérable pour les populations déplacées
Le détournement de ces fonds a eu des conséquences dramatiques pour les personnes déplacées internes, qui ont été privées d’une aide dont elles avaient cruellement besoin. Ce scandale a également ébranlé la confiance des citoyens dans les institutions publiques et mis en lumière les failles du système de contrôle des dépenses publiques au Burkina Faso.
La condamnation d’Amidou Tiegnan envoie un signal fort aux corrupteurs et démontre la détermination des autorités à lutter contre ce fléau. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer la corruption au Burkina Faso.
Carol SAWADOGO