Le tribunal de Banfora a récemment repris l’audience concernant l’affaire de vente illégale de parcelles qui secoue la région.
Au cœur de ce scandale se trouve Sidaty Yoda, le président du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Banfora, accusé de complicité avec Lamine Tera et Adama Tinga Ganamé.
Le témoignage accablant de Souleymane Lallogo
Souleymane Lallogo, un jeune commerçant d’environ quarante ans et première des vingt victimes, a été le premier à prendre la parole. Il a expliqué avoir été contacté par Lamine Tera, qui lui a présenté une liste de parcelles à vendre « au niveau de la Justice ». Convaincu par les assurances de Lamine Tera, qui affirmait que la vente était gérée par le président du TGI de Banfora, Souleymane a visité une parcelle et a rencontré Sidaty Yoda.
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Le magistrat l’aurait rassuré sur la légalité de l’opération, expliquant que les parcelles sans nom avaient été retirées pour non-exploitation et remises à la Justice, information prétendument venant de Ouagadougou.
Fort de ces garanties, Souleymane Lallogo a accepté d’acheter la parcelle visitée pour la somme de six millions de F CFA, versant un premier acompte de 4 500 000 F CFA. Il a également déclaré avoir versé un pot-de-vin au président pour l’ordonnance et une commission de 300 000 F CFA aux démarcheurs, Lamine Tera et Adama Tinga Ganamé. L’acte de vente mentionnait un certain Coulibaly Adama comme représentant du vendeur, une anomalie que Lamine Tera avait justifiée en disant que c’était sur instruction du président.
Après le paiement initial, Lamine Tera est reparti avec l’acte pour une prétendue légalisation et ne l’a jamais rendu. Un ou deux mois plus tard, l’ordonnance a été délivrée, et Lamine Tera a informé Souleymane que l’acte de vente n’avait plus de valeur. Souleymane a ensuite soldé le montant restant et a commencé à construire sur la parcelle, une condition exigée par le président Yoda.
C’est lors de ses démarches de régularisation qu’il a découvert que le titre foncier était au nom d’une autre personne. Il a également révélé que Lamine Tera lui avait parlé d’autres ventes similaires à Niangoloko, Bobo-Dioulasso et Sindou.
Diao Lassina découvre une construction illégale sur sa propriété
Diao Lassina, le véritable propriétaire d’une des parcelles vendues à son insu, a raconté avoir découvert des briques sur son terrain. Les ouvriers lui ont indiqué que le chantier appartenait à un certain « Ladji ». En contactant ce dernier, Ali Soré, a appris que celui-ci avait acheté la parcelle.
Dans sa tentative de résolution, Diao Lassina a sollicité l’intervention du président du tribunal de Banfora, Sidaty Yoda, qui a demandé à Ali Soré de retirer ses matériaux. Ironiquement, Ali Soré s’est avéré être une autre victime de cette vaste escroquerie, ayant acquis trois parcelles dans des circonstances similaires.
Comme Souleymane Lallogo, plusieurs autres victimes ont témoigné avoir été approchées par Lamine Tera, Adama Tinga Ganamé ou directement par le président Sidaty Yoda. Certaines affirment avoir reçu des assurances directes du magistrat concernant la légalité des transactions.
Plusieurs victimes ont ainsi acheté jusqu’à neuf parcelles et ont déjà commencé des constructions, ignorant qu’elles étaient flouées dans cette affaire de vente illégale de parcelles à Banfora.
SAWADOGO CAROL