Une opération conjointe entre le Burkina Faso et le Ghana a conduit au démantèlement d’un vaste réseau d’escroquerie et de traite de personnes. Les autorités ont récemment révélé des pratiques frauduleuses ayant fait de nombreuses victimes.
Le 20 mai 2025, le Bureau Central National (BCN) d’Interpol à Ouagadougou a reçu un rapport de rapatriement de 22 ressortissants burkinabè arrêtés au Ghana. Ces individus étaient impliqués dans des activités de commerce pyramidal, notamment à travers la société QNET. Le procureur Blaise Bazié a rapidement ordonné l’ouverture d’une enquête.
Les auditions des rapatriés ont permis d’identifier neuf auteurs présumés, dont des figures centrales telles que Ido Seydou et Zoungrana Yousouf. Ido Seydou, déjà en détention, est considéré comme le cerveau de cette escroquerie. D’autres complices, comme Berthé Siaka et John Sena, sont toujours recherchés.
Les procédures d’arnaques révélées lors du démantèlement du réseau
Les méthodes d’escroquerie du réseau étaient variées. Le premier mode opératoire consistait en de fausses offres d’emploi. Ido Seydou attirait des victimes avec la promesse d’emplois bien rémunérés, leur demandant de payer 575 000 francs CFA pour une formation qui n’était rien d’autre que du « Network Marketing ». Après l’interdiction de QNET au Burkina Faso, Seydou a délocalisé ses activités au Ghana, entraînant ses victimes avec lui.
Le second mode opératoire ciblait les espoirs sportifs. Plusieurs victimes ont été amenées au Ghana sous de fausses promesses d’intégration dans des clubs de football en Europe. Elles devaient débourser des sommes considérables, allant de 812 000 à 3 millions de francs CFA pour les frais de visa et de passeport. Une fois l’argent versé, les victimes se retrouvaient confinées dans une maison à Accra, avec leurs téléphones confisqués.
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Les escrocs forçaient les victimes à soutirer de l’argent à leurs familles, leur faisant croire que tout allait bien. Soumises à la pression psychologique, elles étaient contraintes de suivre des formations sur la vente en ligne pyramidale, apprenant ainsi les techniques d’escroquerie qui les avaient piégées.
Le procureur Bazié a souligné l’ampleur du préjudice, estimant les pertes à plus de 33 millions de francs CFA. Les conséquences sont dramatiques : de nombreuses victimes se retrouvent déscolarisées.
Neuf individus ont été présentés au parquet et placés sous mandat de dépôt. Leur audience est prévue pour le 17 juin prochain.
Le procureur a lancé un appel à la prudence, exhortant les jeunes diplômés à la vigilance face à des offres suspectes, même si elles proviennent de leurs proches.
Flora BARO